Fiche technique


La Nébuleuse Planétaire NGC 6826 : un spectacle céleste révélé par l’imagerie hybride.

La nébuleuse planétaire NGC 6826, surnommée la “Nébuleuse Clignotante”, se distingue dans l’univers comme un phénomène céleste d’une beauté et d’une complexité fascinantes.
La particularité de cette nébuleuse planétaire réside dans son effet de clignotement observé au télescope. En alternant entre la vision directe (utilisant les cônes de la rétine) et la vision décalée (utilisant les bâtonnets), on peut distinguer l’étoile centrale et la nébuleuse environnante de manière séparée, donnant l’impression que la nébuleuse clignote.

Nous présentons ici les caractéristiques uniques de NGC 6826, en se concentrant sur sa composition, sa localisation, ses dimensions, et les dernières découvertes la concernant.
Nous expliquons également la manière dont cette image a été obtenue, au moyen d’une collaboration entre poses courtes et poses longues, technique d’imagerie “hybride” qui permet de restituer la complexité de cette nébuleuse.

Localisation et caractéristiques

NGC 6826 se trouve à une distance comprise entre 2 000 et 5000 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Cygne. Cette proximité relative, combinée à sa magnitude apparente de 8.8, la rend accessible aux observateurs équipés de télescopes amateurs.

NGC 6826 est l’une des rares nébuleuses planétaires connues pour avoir une structure à trois couches concentriques. Bien que cette caractéristique ait été décrite dès 1918 par l’astronome Curtis, elle a souvent été ignorée ou mal interprétée dans la littérature récente, NGC 6826 ayant souvent été décrite de manière erronée comme étant “lisse” ou “sans structure”…

Pourtant, la nébuleuse présente en réalité trois couches distinctes :

  • Une couche interne qui entoure la centrale sous forme d’un anneau ou coquille de 12,7″ x 8,7″ de diamètre, visible en lumière [O III],
  • Une couche intermédiaire, un anneau de 27″ x 24,4″ de diamètre, également visible en [OIII] et contenant quelques condensations.
  • Un halo externe très faible s’étendant jusqu’à 142″ de diamètre, photographié en lumière continue. Ce halo externe très étendu fait de NGC 6826 une “nébuleuse planétaire à grand halo”.

Composition et dernières découvertes

Les dernières découvertes sur la nébuleuse planétaire NGC 6826 ont révélé de nouvelles informations sur sa structure, sa composition chimique et son évolution, en particulier les interactions passées avec d’autres objets dans son environnement.

NGC 6826 est illuminée par une étoile centrale de type spectral O6FP : cette étoile émet un vent stellaire puissant qui façonne la nébuleuse, créant une structure complexe composée de régions d’émission à faible ionisation, connues sous le nom de FLIERS (Fast Low-Ionization Emission Regions). Ces régions, révélées par les images du télescope spatial Hubble, se déplacent à des vitesses supersoniques, indiquant un processus dynamique et relativement jeune à l’échelle cosmique.

version cropée

Les observations récentes ont révélé des détails sur sa structure et sa composition, qui ont contribué à mieux comprendre les processus physiques qui se produisent dans cette nébuleuse et dans les nébuleuses planétaires en général.

Ainsi, ces observations ont révélé que la nébuleuse est entourée d’un anneau dense de gaz et de poussière qui obscurcit la vue directe de l’étoile centrale. Le spectre de la nébuleuse a révélé l’abondance de certains éléments, tels que l’hydrogène, l’hélium, l’oxygène, l’azote et des traces d’éléments plus lourds. La nébuleuse présente également une symétrie bipolaire, avec des lobes s’étendant dans des directions opposées à partir de l’étoile centrale.

Des analyses spectroscopiques ont révélé des particularités dans la composition chimique de la nébuleuse, qui peuvent indiquer des interactions passées avec des étoiles compagnes ou des systèmes planétaires.

Technique d’imagerie hybride: collaboration entre amateurs

La capture d’images de NGC 6826 a été réalisée grâce à une technique d’imagerie hybride, combinant des poses courtes, ou “lucky imaging”, effectuées par Stéphane Gonzales, et des poses longues réalisées par l’équipe Ouranos (Jean-Claude Mario, Jean-Baptiste Auroux, Mathieu Guinot, et Matthieu Tequi). Cette approche combine les avantages des deux techniques: les poses courtes permettent de minimiser les effets de la turbulence atmosphérique, capturant des détails fins en montrant la délicate structure de la nébuleuse environnante qui entourent l’étoile centrale, tandis que les poses longues révèlent les structures étendues, comme le 3eme halo et les nuances subtiles de la nébuleuse.

Données techniques de la prise de vue

Les images ont été capturées avec un gain optimisé pour chaque technique, des expositions unitaires adaptées à la dynamique de l’objet, et une exposition globale résultant de la combinaison des deux approches.

Pour les poses longues :AstroSib 360 (f:2880mm, f/d:8), AP1100, KAF16803
Temps d’expo: Ha : 127 x 600s, OIII : 103 x 600s (39h)

Pour le lucky imaging : 300mmF4 , monture eq6, Playerone neptune II, barlow 2.7x
Temps d’expo: 40000 x 500ms gain 75% (5,5h)

Cette technique hybride permet d’obtenir au final une image complète et détaillée de NGC 6826, mettant en évidence à la fois le centre détaillé de l’environnement proche de son étoile centrale et les halos.

Conclusion

NGC 6826 représente un exemple remarquable de la beauté et de la complexité de l’univers qui nous entoure. Grâce à l’innovation technique et à la collaboration entre amateurs passionnés d’astronomie, nous pouvons désormais apprécier cet objet céleste dans toute sa splendeur. Cette nébuleuse planétaire continue de fasciner les astronomes et les astrophotographes, offrant un aperçu précieux des processus dynamiques à l’œuvre dans notre galaxie.