Fiche technique


La nébuleuse M97 doit son nom au premier dessin qui en a été réalisé en 1848 par Lord Ross, à l’aide de son télescope de 183 cm de diamètre (le plus important de l’époque, surnommé le « Léviathan« ).
On notera sur ce dessin la présence d’une étoile dans chacune des zones plus sombres de la nébuleuses (qui apparaissent plus claires sur le dessin) ; l’une de ces étoiles n’apparaissant plus sur les images modernes… D’autres observateurs semblent avoir également vu cette seconde étoile antérieurement à 1850, après quoi celle-ci n’est plus mentionnée.
Une incertitude demeure donc quant à la réalité de cette étoile : s’agit-il d’une erreur d’observation ou d’un phénomène encore inexpliqué ? En l’absence de la moindre littérature sur cette question, on ne peut que se risquer à évoquer que cette disparition subite (si tant est qu’elle soit réelle) pourrait être expliquée en partie par le passage de l’étoile derrière des nuages de gaz et de poussières suffisamment opaques.

M97 dessinée par Lord Ross en 1848.
Toutefois, cette hypothèse n’est pas confirmée par les observations en infrarouge, qui ne révèlent pas d’étoile aussi lumineuse qui serait « cachée » en arrière-plan. On doit donc se résoudre à penser que cette observation était sans doute erronée, ou influencée par l’effet de paréidolie de la nébuleuse elle-même ! Il se pourrait qu’il ne s’agisse en réalité que de l’étoile centrale localisée de manière incorrecte.
L’âge de cette nébuleuse est en revanche mieux connu, puisqu’il est estimé d’après sa vitesse d’expansion à environ 8000 ans.
Sa structure est plus complexe que ce que les images amateur laissent souvent voir, avec une enveloppe principale de forme sphérique plus dense en périphérie mais globalement assez homogène et plutôt floue.
En réalité, il est possible d’observer plusieurs structures d’échelles différentes et notamment trois coquilles concentriques probablement formées par les éjections successives de l’étoile centrale en fin de vie.
A noter que les images récentes mettent clairement en évidence l’existence d’une enveloppe externe bien visible en OIII (visible sur l’image présentée ici).
Parmi les spécificités de M97, c’est en particulier l’aspect des deux zones moins denses dans la région centrale qui pose question.
Les astronomes ayant cherché à modéliser cette nébuleuse en sont arrivés à la conclusion que sa structure se présente comme un « tore cylindrique multicoque » vu sous un angle oblique : les zones sombres (les « yeux du hibou ») étant en réalité les extrémités du cylindre. Il s’agirait donc d’un angle de vue à mi-chemin entre la « vue de dessus » (comme pour les nébuleuses planétaires Hélix ou M57) et la « vue de profil » (comme M27).